« Partir en vacances m’aurait vraiment changé les idées. En famille, c’est toujours sympa. Alors, mon conjoint a passé 4 heures, trois semaines avant le départ, pour dénicher la bonne offre. Sans succès. Nous resterons à la maison ; nous y passerons nos vacances » me dit Gaël, déçu, d’une voix s’abaissant.
La procrastination ne prend pas congé
La recherche de Gaël est une illustration de son tempérament à procrastiner. Il semble ne plus avoir envie d’avoir envie de vie, de plaisir, d’entrain.
Il justifie son comportement, son non-agir, par des éléments « rationnels » : les destinations sont trop chères pour y aller en avion, trop éloignées pour être atteintes en voiture, ou déjà connues. « Et de toutes façons, j’ai du boulot ». Et d’ajouter « si l’on ne peut pas partir, c’est que l’on ne devait pas partir », puis de clore le sujet : « en restant à la maison, on aura le temps de faire ce que l’on ne peut pas faire toute l’année ». Même après la pandémie.
Un non-agir, écho répété
Ce n’est pas la première fois que Gaël ne part pas en congés. Lorsqu’il était enfant, il avait de la peine à quitter ses amis, à s’éloigner de ses repères. Il souhaitait même que la voiture de ses parents tombe en panne… Étudiant, il était ravi de passer le rattrapage en septembre : il devait rester l’été chez lui pour réviser. Adulte, il a passé plusieurs fois ses vacances dans le même lieu ou le même pays ; il n’en retire pas des expériences réussies.
Alors, les vacances se profilant dans quelques jours, il ne va pas « forcer le destin ». Un destin qui est plutôt de l’ordre de la répétition… Un destin qui échappe à Gaël, finalement car il n’est pas maître de sa vie.
Voilà l’enjeu des prochaines séances de psychanalyse avec Gaël : lui permettre de reprendre en main son existence…
***
Piste de lecture : J-P Sartre, L’existentialisme est un humanisme
0 commentaire