Jake nous a narré son confinement et nous a confié combien sa psyché et son corps avaient été saccagés, meurtris. Aujourd’hui, il nous consulte peu après le retour à la « vie normale »…

« J’ai l’impression d’être sorti d’une boite noire aux murs étanche aux bruits de l’extérieur, de m’être réveillé après un coma, sans repère temporel, un peu groggy de l’anesthésie. Je suis perdu ; je flotte. Je culpabilise car je n’ai pas « assuré » pendant le confinement. J’ai parfois pété les plombs.

Pendant des mois je n’ai plus eu de liens. Et une obligation de rester avec « les miens »,dans un rapprochement forcé, à distance, sans contact avec les autres, collègues, amis… Sans échanges autres que ceux centrés sur les chiffres de la pandémie et les sujets centrés sur le nombril familial.

Alors je cherche à rattraper le temps perdu. J’enlève le couvercle, je revis. Je me le reproche. Ma famille pense que je l’abandonne. Je vais au musée et au cinéma en cachette ; je discute dans des cafés avec des inconnus, j’ai un énorme plaisir à aller dans un centre commercial bondé alors qu’avant la foule m’étourdissait. Chose positive, j’ai retrouvé le goût d’aller au travail, de parler de tout et de rien ; les sourires sont des cadeaux.

Si une telle période était à revivre, je ne sais pas si je survivrai. »

Le confinement peut engendrer un stress post-traumatique

Jake semble porter un état de stress post-traumatique carcéral. Le confinement l’a mis sous pression, face aux siens, face à lui-même, aussi, l’amenant à devoir choisir entre des priorités qui lui semblent imposées, contraintes. Jake est paralysé dans ses choix, et l’incertitude de la fin de crise ne l’a pas aidé. En sortie de confinement, il a décompensé.

Après quelques séances, Jake a accepté le passé et a livré ses émotions, ses souffrances, ses tensions. Il a reconnu qu’il a toujours cherché à bien agir malgré les circonstances et ses faiblesses. Car il n’est ni un super-héros, ni « en mission pour le Seigneur », comme il aime le citer, mais juste un humain faillible, un être bon et bien intentionné. Jake est désormais reconnecté avec lui-même, étape nécessaire pour s’accepter, pour exister et se vivre, mais aussi pour se resocialiser et se déployer, pour affronter les défis de la liberté retrouvée.

Après un printemps volé, Jake renaît pour investir pleinement le bel été qui s’annonce.

Joliet est un souvenir qui s’effacera.

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Pour la lecture…

Jake est le personnage des Blues Brothers qui sort de prison. Le nom de la prison est Joliet. Quand il rejoint son frère Elwood, devant les portes du pénitencier (qui, pour une fois se sont ouvertes), le générique de début est envoyé, avec en bande son « She Caught the Katy », qui n’est pas un prénom, mais le nom de la desserte ferrée Missouri–Kansas–Texas. Ils chercheront à reformer leur groupe, les Blues Brothers, afin de récolter des fonds pour la Mission qui les a élevés ; ils sont donc « en mission pour le Seigneur ».


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